Comment sauvegarder le patrimoine de ma commune ?

28 novembre 2022

Le sénateur Jean-Baptiste Blanc et le maire de Pernes-les-Fontaines, Didier Carle, organisaient un séminaire en présence d’Anne Ventalon, sénatrice de l’Ardèche et rapporteur sur le patrimoine religieux en péril, et Albéric de Montgolfier, sénateur d’Eure-et-Loire et membre de la commission nationale du Patrimoine et de l’Architecture.

A l’invitation du sénateur Blanc, une délégation de la Commission diocésain d’Art sacré a pris part à ce séminaire.

Le sénateur de Montgolfier après avoir présenté le rôle et la mission de la commission nationale du Patrimoine et de l’Architecture, a souligné les raisons de soutenir le patrimoine : transmission de notre culture et de notre histoire, création de partages et rassemblement des habitants, levier de développement et d’attractivité des territoires, préservation et création d’emplois de proximité, participer à la transition écologique et à la préservation de notre environnement.

Evidemment, la question qui se pose est celle du financement. Il a évoqué les nombreuses pistes qui permettent de bénéficier de subventions publiques, mais aussi le recours à la Fondation du Patrimoine, la Fondation pour la Sauvegarde de l’Art français - spécifiquement pour les lieux de cultes et le patrimoine religieux -, la Fondation Crédit Agricole Pays de France. 

En conclusion, il a donné quelques pistes. La travail en réseau, par la mutualisation, permet d’éviter l’isolement des acteurs de la protection du patrimoine. En particulier, une ingénierie mutualisée serait souhaitable pour éviter que ces mêmes acteurs soient démunis devant l’ampleur des travaux. Il est nécessaire d’orienter les aides vers le patrimoine non-protégé, et enfin, il est important de réfléchir, en concertation avec toutes les parties, à un usage renouvelé du patrimoine.

Son propos, conforté par son expérience d’élu, mais aussi dans ses responsabilités au sein de la commission nationale du Patrimoine et de l’Architecture, fut optimiste et encourageant.

Anne Ventalon est l’un des rapporteurs du rapport sur le patrimoine religieux en péril. Le patrimoine religieux en France représente à peu près 100000 lieux en activité, soit l’un des plus importants de l’Europe après l’Italie. Ce riche patrimoine a bien sûr un coût, mais dans l’ensemble, le rapport souligne le bon état de ce patrimoine, même si l’entretien est parfois irrégulier. En pratique, entre 2500 et 5000 édifices pourraient être abandonnés, en ruine ou détruit à l’horizon 2030, si rien n’est fait.

Or, ce n’est pas impossible. Le premier point est de garantir une meilleure coopération entre propriétaires et affectataires. Ensuite, le financement est plus aisé lorsque le projet est bien établi. Le déficit d’ingénierie, déjà évoqué, est une réalité. En effet, l’ingénierie n’est plus assurée par l’Etat, et les collectivités locales ne sont pas toutes pourvues. L’un des points qui a fait parler du rapport, est la proposition de chercher un usage partagé des lieux de culte.

Avant tout, afin de préserver ce patrimoine, il est nécessaire de le connaître, et un inventaire national, aussi bien immobilier qu’immobilier pourrait favoriser cette connaissance. Au niveau départemental, des structures et institutions pourraient venir en aide aux maires. La collaboration et la concertation avec les affectataires permettra aussi de trouver d’autres voies et idées pour favoriser la protection par un usage renouvelé, tout en préservant ce que garantit le régime d’affectation, c’est-à-dire, l’usage exclusif pour le culte.

Elle a conclu en disant qu’en l’état, il n’apparaissait pas nécessaire de revoir la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905, et que par ailleurs, de la même manière, la répartition actuelle des compétences est satisfaisante.

Un temps de questions, d’échanges, de débat a permis à chacun de présenter ses propres problématiques, réalisations, réussites et obstacles.

A l’invitation du sénateur Blanc, Monsieur l’abbé Marc Quatrefages a pris la parole, évoquant la situation très satisfaisante du département de Vaucluse, et les bonnes relations, dans l’ensemble, entre propriétaires et affectataires, et la Commission diocésaine d’Art sacré. Il a insisté non seulement sur la mission de la Commission, mais aussi sur sa disponibilité pour apporter son aide et son expérience. Quelques maires ont réagi en confirmant combien les relations étaient bonnes et fructueuses.

Enfin, les échanges se sont fait plus informels, au moment du déjeuner, et cela a permis bien des rencontres et des contacts.

abbé Bruno Gerthoux
secrétaire de la CDAS